ça fait un peu longtemps que je re-ressens cette petite envie d'écrire...

Publié le par mélanie

 

02-04

 

Mon père m'avait dit un jour que c'était faire preuve d'un sacré orgueil que d'écrire ses mémoires ; comme si quiconque était digne de laisser quoi que ce soit à la postérité, comme si la vision d'un homme mort pouvait être plus valable que celle des hommes vivants. Le ton aussi dédaigneux qu'assuré sur lequel il m'avait donné cet avis ainsi que la profonde humilité qu'il révélait ainsi m'ont entièrement convaincue, à l'instant où mon oreille a été frappée par lui, que je tenais là un fait indiscutable.

Mais enfin, sur quoi voulez-vous que j'écrive si ce n'est sur moi, qui est la seule chose en vérité que je puisse connaître ?

 

PS Le monde est insupportable. A peine ai-je commencé à écrire, entourée de voyageurs dans le métro, que je sens leurs regards avides et impudiques se poser sur mon carnet que je tiens pourtant d'un angle tel qu'il leur est impossible de déchiffrer mon écriture que j'opacifie au moyen de grandes boucles et de longs traits par précaution supplémentaire.

Peut-être ne regardent-ils pas, et peut-être n'est-ce que la conscience qu'ils pourraient vouloir regarder, ou la certitude qu'à leur place je voudrais regarder qui m'irrite tant. L'enfer, dans les autres, c'est nous.

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J
Oh...<br /> <br /> À ne pas voir de nouveaux billets depuis un temps conséquent, j'espaçais mes visites, et c'est ainsi avec trois semaines de retard que je découvre ces deux billets enchaînés.<br /> <br /> Moralité : c'est comme avec Reno, il ne faut jamais supprimer un blog de ses favoris...<br /> <br /> [Non, je n'ai rien à dire sur l'écriture, à part que je ne pourrais pas écrire dans le métro ou en n'importe quel lieu où quelqu'un pourrait me lire. Ah, et puis aussi que l'on peut aussi tout<br /> simplement raconter des histoires : cela conduit indirectement à parler un peu de soi, ou plutôt de la manière dont l'on perçoit le monde, mais c'est tout-de-même une autre option]
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M
<br /> <br /> Le GRAND Eric Chevillard a écrit il y a peu dans son blog (l'autofictif) :<br /> <br /> <br /> "Nous pouvons distinguer deux espèces d'écrivains, au sein desquelles évidemment d'innombrables sous-groupes qui se subdivisent eux-mêmes infiniment jusqu'à ce que chaque auteur se retrouve seul<br /> sur sa page, mais enfin, il y a à l'origine ces deux espèces -et chacune compte ses génies, et ses nullités-, celle qui conçoit la littérature comme l'art de relater au plus juste notre commune<br /> expérience du monde, de rédiger les actes de cette expérience universelle, et l'autre qui la conçoit, au contraire, comme un geste de séparation, d'affranchissement, et l'art d'ordonner une<br /> représentation du monde originale. Chacune a ses lecteurs, irréconciliables."<br /> <br /> <br /> <br />
S
Au jardin des mots<br /> Le gourmand sourit au vent<br /> Parfum de gratin
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M
<br /> <br /> Cédant à la tendance et à la facilité, elle voulut répondre par un de ces petits coeurs qui fleurissent, enjolivent et appauvrissent notre usage de la langue, quand soudain elle s'aperçut<br /> simultanément de deux choses :<br /> <br /> <br /> -il n'y a pas de coeur dans les émoticônes proposées par overblog pour épicer les commentaires<br /> <br /> <br /> -elle ne sait pas exactement quels mots utilisés pour transcrire ce qu'un petit coeur aurait parfaitement exprimé. Penserait-elle en images désormais ?<br /> <br /> <br /> <br />