"Vers dix heures du matin, la puanteur du fleuve à son étiage s'était déjà insinuée dans les bureaux de Mead Street"
La couverture est très belle et annonce bien la couleur : voici un roman apaisant, qui se lit comme on cueille un bouquet dans un champ ensoleillé ; c'est un joli moment, on s'y consacre pleinement, ensuite on reprend le cours de sa vie avec encore un goût de souvenir -et puis c'est tout.
Iz est morte et a laissé deux manuscrits. Son notaire en prend connaissance avant -c'est la volonté de sa cliente- de les détruire. C'est là que réside la force du texte ; dans sa construction. Le premier manuscrit nous raconte Iz et son fils, le deuxième Iz avant son mariage... Et les infos qui arrivent peu à peu nous permettent de reconstruire cette figure héroïque avec laquelle Cunningham veut nous attendrir. Bon, il y arrive un peu. Pas facile d'être une jolie héritière d'une famille qui s'appauvrit dans l'Irlande de 1945 ; entre conflits familiaux, montée des revendications paysannes, guerre mondiale, et conflit interne irlandais, faire un choix de vie, c'est choisir son camp.
Un récit de l'histoire d'une famille confrontée à l'Histoire d'un pays, subtilement construit et scandé par de belles descriptions. A lire dans le train, ou un après-midi d'oisiveté.
La mer et le silence, Peter Cunningham, éditions Joëlle Losfeld, 241pages, 22euros50
http://www.joellelosfeld.fr/ouvrage-LO0002-la_mer_et_le_silence.html